Une reconversion atypique
Cette ancienne fermette date des années 1820. Située dans le village d’Escœuilles, elle s’étend sur 185 m². Elle est aujourd’hui devenue une propriété communale. En vue d’une reconversion en médiathèque, le bâtiment est soumis à un diagnostic réalisé par le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale. Il a révélé de nombreux désordres liés à des dégradations du torchis.
Une restauration à l’identique du bâtiment suivie d’une intégration contemporaine sont réalisées par le cabinet d’architectes PARALAX pour l’extension contemporaine, accompagnée de l’architecte Angélique Thomas pour la réhabilitation. Ce projet est labélisé par la Fondation du Patrimoine suite à un avis émis par l’architecte des Bâtiments de France. Pour financer cette restauration, la commune s’est également entourée de plusieurs collectivités : l’Etat, la Région, le Département et l’EPCI.
Un chantier d’insertion est mis en place et confié à l’association Rivages Propres. Des élèves de CP-CE1 ont appris à fabriquer et à poser du torchis sur le bâtiment lors d’ateliers organisés par l’association. Des travaux concernant l’enduit et le badigeon sont venus apporter une protection à la façade. Intégrée au réseau PLUME (réseau des bibliothèques de la Communauté de Communes du Pays de Lumbres), elle accueille depuis 2015 non seulement les visiteurs de la bibliothèque à rayonnement intercommunal, mais également les enfants dans le cadre d’activités périscolaires.
Une restauration respectueuse de l’héritage architectural du Boulonnais
Cette longère en torchis de type allongée, s’élève sur un seul niveau. Des ouvertures ponctuent la façade. Une porte ajourée grâce à une imposte vitrée et des fenêtres à meneaux surplombées d’un linteau sont plus hautes que larges. Placées de manière régulière dans la façade, elles privilégient l’exposition à la lumière naturelle. Les fenêtres sont dotées de contrevents (volets en bois). La toiture, pentue en pannes du Boulonnais, est à deux versants. Elle est prolongée par un coyau débordant, recouvert d’une gouttière afin de protéger la façade des ruissellements. Pour assurer la protection de la façade, un enduit apparenté à un gobetis est mis en œuvre. Un badigeon de lait de chaux vient assurer la finition. La cheminée axée sur le faitage est visible à l’intérieur. Le foyer trône encore au centre de la pièce comme il était de coutume dans ce type de bâti.
Les tenons passant des solives viennent maintenir et solidariser le bâtiment. Dans cette optique de protéger la façade des eaux pluviales, le pignon traditionnel est maçonné en pierre et dépourvu d’ouverture. Légèrement décollée de ce dernier et reliée à l’aide d’une passerelle en verre, une extension contemporaine en bois et en verre est aménagée à l’arrière du bâtiment afin de créer un espace image et son.
Quelques années après la restauration, il devient indispensable d’entretenir le torchis et d’assurer sa préservation. Ainsi, la médiathèque d’Escœuilles fait l’objet en 2023 d’une réfection de son enduit et du badigeon.
Un matériau recyclable
Véritable matériau d’avenir, le torchis a la particularité d’être recyclable. En effet, certains chantiers de bâtis neufs ou de restauration à l’instar de celui-ci utilisent du torchis ayant déjà été posé. Sur ce bâtiment, le torchis ancien et les pannes du Boulonnais sont démontés afin d’être récupérés et réemployés. La charpenterie globale des murs et du comble de la longère utilise le bois de chêne pour la structure et le châtaignier pour les lattes servant de support pour la pose du torchis.
Le torchis peut présenter des désordres, provoqués par :
- L’ajout de matériaux composites à même le torchis (ciment, tôles…) ;
- La transformation de la physionomie d’origine : ajout d’ouvertures, modification de la couverture ;
- Une mauvaise gestion de l’humidité liée à des défauts dans la couverture, au ruissellement et à la stagnation des eaux, au dénivelé du terrain ;
- Le manque d’entretien.