Un peu d’histoire
Ce corps de ferme édifié sur environ 18 ares a traversé les siècles. Probablement reconstruit à la suite des troubles du début du 18ième siècle, il est resté dans les mains de la même famille avec toujours une vocation agricole. Une opération de restauration est entreprise en 2019 pour palier à la dégradation du bâtiment.
L’usure du torchis, la présence du bétail et des défauts d’étanchéité de la couverture ont provoqué un délitement progressif du bâti. La réhabilitation de cette grange consiste à réparer la charpente et à relever les murs des deux granges. Le bâtiment a reçu le label délivré par la Fondation du Patrimoine. L’état de la grange avant restauration témoigne du rôle prépondérant de l’ossature en bois dans la mise en œuvre du torchis.
L’ossature bois, préalable indispensable à la pose du torchis
La mise en place du torchis nécessite l’utilisation d’une ossature en bois. Ce savoir-faire se développe grâce à la présence de forêts et d’une terre argilo limoneuse sur le territoire. Ces matières premières de proximité ainsi disponibles sont largement exploitées aux 18ième et 19ième siècles. Le torchis va apporter de la résistance à l’ossature généralement en bois de chêne ou en bois d’orme et permet de dissimuler cette structure.
L’ossature en bois est composée de poteaux verticaux placés entre la sablière haute et la sablière basse. A l’horizontale, le lattis est cloué sur les poteaux. Les lattes sont espacées d’environ 8 à 10 cm d’intervalle. Le torchis, une fois façonné en torques -petites portions de torchis-, est ensuite posé du bas vers le haut sur le pan de mur. Il remplit l’ossature et recouvre la latte d’une épaisseur de 2 cm environ vers l’extérieur. Pour le protéger de la pluie ou de l’érosion naturelle, le torchis est recouvert d’un enduit lui-même protégé d’un badigeon composé de chaux. Cette dernière étape permet d’assurer sur les granges une protection antibactérienne.
Le soubassement maçonné s’élève à 20 cm au-dessus du niveau du sol afin de protéger la structure de l’humidité. La toiture à deux versants et son coyau débordant viennent également préserver la façade du ruissellement des eaux pluviales. Les lucarnes rampantes ont été conservées en l’état. Le coyau est soutenu par une console afin d’assurer une solidité de l’ensemble.
Il existe différents types de structures en bois pour la pose du torchis, pouvant varier en fonction des territoires :
- Les structures en bois peuvent être lattées, c’est-à-dire que les branches de bois sont clouées à l’horizontale sur les poteaux de l’ossature. Le lattage est très utilisé en Artois.
- Elles peuvent aussi être barreaudées, cela signifie que les barreaux de la structure en bois sont très espacés et fixés par des encoches entre les poteaux de l’ossature.
- Les structures en bois peuvent également être tressées, c’est-à-dire que les lattes sont tressées à la verticale entre les barreaux de l’ossature. On retrouve cela essentiellement en Flandre.
Différents types de bois peuvent être mis en œuvre pour cette structure d’accroche, à l’instar du châtaignier, du peuplier, du noisetier, du saule ou encore du sapin.
Un bâti adapté à son environnement : le pignon orienté
Le pignon est l’une des parties les plus importantes d’un bâti. Sur les façades en torchis, il est la plupart du temps orienté à l’ouest afin de protéger le reste du bâti de l’humidité et des intempéries. Les pignons peuvent être maçonnés en briques ou en pierres ou recouvert d’un bardage bois et sont la plupart du temps dépourvus d’ouverture. Le pignon de cette grange est composé d’un bardage à clin en châtaignier en partie supérieure afin d’assurer une meilleure protection de la maçonnerie. Un coyau en débord protège la partie en torchis située sous le bardage bois, en dessous duquel se trouve une petite dépendance agricole destinée aux animaux de la basse-cour.