Un peu d’histoire
Cette grange située dans la commune de Sains-en-Gohelle fait partie d’une cense artésienne. Visible sur le cadastre Napoléonien du début du 19ième siècle, elle est exploitée comme ferme jusque dans les années 1970. Sans réelle utilisation durant une dizaine d’années, elle est rachetée en 1984 par ses propriétaires actuels.
La restauration
En 2015, une opération de restauration est menée pour assurer une certaine authenticité du bâti. Bénéficiant du label délivré par la Fondation du Patrimoine, elle a consisté en une réfection des deux pans de mur en torchis à l’identique sous le porche d’entrée, en préservant au maximum l’existant.
La structure d’origine est composée d’une ossature en bois, sur laquelle le torchis est mis en œuvre sur un lattis horizontal.
Le toit à longs pans est composé de pannes. Les pavés en grès renforçaient le sol, lors du passage du bétail ou des charrettes.
Les fermes traditionnelles du territoire et leur architecture typique
Les paysages de nos villages sont ponctués de fermes et de dépendances agricoles. Généralement connus sous le nom de « censes », elles s’établissent selon un schéma particulier, avec un plan carré, en L ou en U. A l’instar de cette ferme située à Sains-en-Gohelle, les bâtiments sont agencés autour d’une cour fermée. La grange en pierre calcaire longe la rue tandis que le logis est implanté en fond de cour. Un grand porche protège l’ensemble côté rue. Ces fermes traditionnelles sont un véritable marqueur visuel des villages.
La plaine agricole de la Gohelle
Cette partie du département, intégrée au bassin minier, est demeurée relativement rurale. Autrefois, le paysage rural recouvrait cette partie du territoire du Pas-de-Calais et comportait de nombreux corps de fermes à l’instar de celui-ci. L’industrialisation des mines sur le territoire a impacté le paysage. De plus, les deux conflits mondiaux ont engendré de nombreuses destructions. Les reconstructions ont privilégié des matériaux facile et rapide à mettre en œuvre, provoquant un recul de l’utilisation du torchis. Le torchis est avéré sur des sols limoneux, où l’eau et les plaines alluviales sont présentes en abondance. Il concerne essentiellement les bâtiments les plus anciens et le bâti courant.
Le torchis : un mélange de matières premières locales
- Une terre constituée d’argile (entre 10 et 30 %), de sable (entre 10 et 15 %) et de silts (entre 60 et 80 %). Cette terre déposée par les vents et les cours d’eau lors de la dernière glaciation entre 80 000 et 10 000 avant notre ère, atteint plusieurs mètres d’épaisseur. Elle se trouve généralement sous une couche de terre arable à une profondeur de 20 à 30 cm ;
- Des fibres végétales telles que la paille de seigle, d’escourgeon, de blé ou encore de foin et parfois des poils de bêtes ;
- De l'eau.
Il est mis en œuvre en extérieur entre fin mars et fin octobre et nécessite 3 à 4 semaines de séchage après sa pose.