Architecte : Edwin LUTYENS (1869-1944)
Inauguré en 1922
11 516 tombes
Le cimetière militaire d'Étaples est le plus grand cimetière britannique en France. Il témoigne de l'égalité de traitement de la mort des blessés ou des malades, quels que soient leurs nationalités ou leurs statuts : civils, soignants hommes et femmes, ainsi que des prisonniers de guerre y reposent.
Composé d'une grande terrasse de 70 m de long, il est flanqué de deux arches ornées de drapeaux de pierre. De la haute croix se dressant derrière la Pierre du Souvenir, un escalier monumental, relayé par cinq rangées de marches, amène le visiteur jusqu'à la nécropole. La croix est encadrée par deux cénotaphes monumentaux en pierre et entourés de quatre étendards en berne, d'inspiration victorienne. Le plan de la nécropole réserve des surprises par son dessin irrégulier. Les stèles sont tantôt orientées vers le nord-ouest pour les stèles allemandes, tantôt vers le sud pour les indiennes, tandis que les autres sont orientées vers le sud-ouest.
Il visualise la mort de masse avec ses 10 771 tombes de la Première Guerre mondiale tout en s'inscrivant dans un paysage mémoriel : vestiges de natures diverses dont des abris, petits mémoriaux ou monuments. Son emplacement est associé à la présence de la plus grande base sanitaire britannique de la guerre, avec une vingtaine d'hôpitaux. C'est aussi là que se trouvait le plus important camp d’entrainement des forces britanniques. Il figure parmi les cimetières les plus internationaux, puisqu'y sont représentées 18 nationalités.
Dans le vaste ensemble logistique britannique qui s'organise sur le littoral, les terrains disponibles au nord d'Étaples et situés à proximité d'une voie ferrée et de la route de Boulogne offrent des conditions idéales a l'établissement du plus grand camp d'entrainement de l'armée impériale en dehors de Grande-Bretagne. À peine débarqués à Boulogne, les soldats venant de tout l'Empire y sont regroupés afin de subir un dernier entrainement avant de partir pour le front, en Flandres, en Artois ou dans la Somme. Le poète Wilfred Owen le compare à une sorte d’enclos ou l’on parque les animaux quelques jours avant l'abattoir
. La dureté de l'entrainement et la brutalité des instructeurs créent un climat de tensions entre les soldats et les autorités du camp qui aboutit au déclenchement d'une mutinerie au cœur de la ville le 9 septembre 1917.
Ce cimetière est associé à la présence de la plus grande base sanitaire britannique pendant la guerre avec sa vingtaine d'hôpitaux. De 1915 à 1918, on estime qu'environ deux millions d’hommes et de femmes ont transité par le camp d'entraînement et les hôpitaux. En 1917, les ressources du camp sont à leur paroxysme et comptabilisent alors 100 000 personnes, toutes nationalités confondues. La capacité d'accueil du plus grand d'entre eux atteint 3 000 lits et en tout, 20 000 soldats peuvent être soignés simultanément, aux côtés de centres vétérinaires dédiés aux animaux.