La pipe de Charles Dickens
Milieu XIXe siècle
Département du Pas-de-Calais
La pipe est constituée d’un fourneau en écume de mer (minéral tendre et blanc que l’on trouve essentiellement en Asie Mineure) surmonté d’un fermoir en métal argenté relié par une chaînette à la base de ce fourneau. Elle est contenue dans son étui cartonné d’origine revêtu de percaline qui est une fine toile de coton servant à faire des doublures. La dédicace calligraphiée de Charles Dickens sur le fermoir reproduit son écriture.
Un propriétaire célèbre
Acquise en 2013 par le département du Pas-de-Calais pour les collections du château d'Hardelot, cette pipe proviendrait de la dispersion du mobilier de Ferdinand Beaucourt-Mutuel (1806-1881) situé dans sa maison de Beaurepaire à Boulogne-sur-Mer.
Si la provenance de l’objet est incertaine, son ancienne propriété ne fait aucun doute puisque le fermoir en métal argenté porte l’inscription : « Charles Dickens, à son ami M. Beaucourt-Mutuel ». Il s’agit donc très probablement d’un cadeau du plus célèbre écrivain de l’époque victorienne, lui-même fumeur de pipe, à son ami boulonnais.
Une amitié franco-anglaise sans faille
La naissance de leur amitié remonte à 1853 lorsque Charles Dickens (1812-1870) s’installe à Boulogne durant la saison estivale pour raisons de santé. La ville est alors reconnue pour ses bains de mer. Ferdinand Beaucourt-Mutuel, farfelu Boulonnais, propriétaire de plusieurs maisons dans la ville, en loue une à Charles Dickens. L’Anglais d’abord intrigué par son hôte finit par l’apprécier et cette amitié est réciproque. Si bien que Beaucourt-Mutuel reste le logeur de Dickens jusqu’à l’été 1856, date à laquelle l’écrivain cesse de venir à Boulogne-sur-Mer. Il revient dans la région en 1863, et plus précisément à Condette où Beaucourt-Mutuel a déménagé entre temps. Il est possible qu’il n’ait pas été seul dans ce voyage puisqu’à l’époque, il a pour maîtresse Ellen Ternan, jeune actrice de théâtre.
L’amitié entre Beaucourt-Mutuel et Dickens est visible sur la tombe de l’hôte boulonnais, enterré à Condette, où est inscrite une phrase tirée des écrits de Dickens : « the landlord of whom Charles Dickens wrote I never did see such a gentle kind heart » (« Le propriétaire sur lequel Charles Dickens a écrit je n’ai jamais vu un aussi bon cœur que celui-là ») Le père d’Oliver Twist a en effet beaucoup écrit sur son ami comme en témoigne sa correspondance et sa publication Our French watering place, étudiées par l’historienne Janine Watrin.
Pour en découvrir d'avantage sur les collections du château d'Hardelot: https://chateau-hardelot.fr/Mediation/Collections