Le Département du Pas-de-Calais a entrepris le projet de doublement de la route départementale 939 qui joint Arras à Montreuil-sur-Mer. Cet élargissement à 2 x 2 voies passe par la commune de Haute-Avesnes. Sur la base des prescriptions de l’État, une équipe de cinq archéologues de la Direction de l'Archéologie est intervenue en septembre 2015 pour fouiller une zone d’occupation gauloise (450 à 52 avant J.-C.).
Vue générale du site de Haute-Avesnes. Cliché : photobulle@gmail.com
Un lieu de recueillement
Lors du diagnostic et des fouilles archéologiques, de nombreuses structures de la période gauloise ont été mises au jour.
Au sud de la zone de fouille, ce sont les éléments funéraires qui dominent. Deux sépultures à incinération ont fait l’objet d’une fouille et d’une observation complète. Elles contenaient un amas osseux correspondant aux restes du défunt après la crémation. Cet amas était associé à une ou deux céramiques. Dans l’une des sépultures, les archéologues ont découvert un objet métallique, dont la forme fait penser à une clé.
Creusée directement dans l’affleurement crayeux, l’une des sépultures se composait d’un amas osseux et de ces deux céramiques. Cliché : CD62/DA
À proximité des sépultures, se trouve un fossé qui pourrait correspondre à un espace funéraire. Cependant les archéologues n’ont pu identifier la présence de sépulture dans l’enceinte. L’hypothèse d’un enclos s’appuie sur des découvertes similaires faites dans la région de fossés de formes rectangulaires. Cependant la forme arrondie du fossé est peu habituelle.
Vue aérienne du fossé qui marque probablement la présence d’un espace funéraire. Cliché : CD62/DA
Un étrange bâtiment
Au nord de la zone de fouille, se trouve un ensemble de huit trous de poteaux. Sept d’entre-eux forment un demi-cercle, tandis que le huitième leur fait face. L’un de ces trous de poteaux a servi de dépôt pour divers objets.
L’interprétation de cet ensemble reste compliquée à déterminer et suscite de nombreuses interrogations. À quel type d’aménagement avons-nous à faire ? S’agit-il d’un bâtiment ou d’une construction monumentale marquant le paysage ? Est-on en présence d’une structure ouverte ou fermée ?
Vue sur l’ensemble de trous de poteaux découverts. Cliché : CD62/DA
À proximité, une fosse a livré de nombreux objets en céramique comme des poteries ou des pesons triangulaires. Ces derniers servent comme poids pour tendre les fils lors de la confection de tissu à l’aide d’un métier à tisser. Il est donc probable qu’une zone d’activité domestique fonctionnait à proximité.
Dans cette fosse, les archéologues ont découvert divers objets de la vie quotidienne en céramique. Cliché : CD62/DA
Sur cette évocation de métier à tisser, les pesons (en bas) servent à tendre les fils verticaux de la trame du tissu. Dessin : P.-Y. Videlier
Un dépôt singulier
Dans l’un des trous de poteaux, les archéologues ont mis au jour un dépôt de divers objets. Ce dépôt se compose d’objets en métal et en silex. Il s’agit notamment de lingots de fer sous forme de barre à douille, d’anneaux en fer ou en bronze, d’une plaque décorative en bronze, de haches polies en silex ou de silex naturellement percés et de quelques fragments de céramique.
Durant la fouille du dépôt, une plaque décorative en bronze constituée de motifs circulaires a été mise au jour. Cliché : CD62/DA
Voici regroupés, après nettoyage, les différents objets qui composent le dépôt. Cliché : CD62/DA
Quelle était l’intention des gaulois en réunissant ces différents objets ? Les archéologues excluent l’utilisation du trou de poteau comme dépotoir. Ils s’interrogent sur la signification de ce geste et sur la prédominance du métal qui questionne sur la place de la métallurgie dans la société gauloise.