Origines du projet
Les échevins d’Arras décident de doter leur ville d’un théâtre à la fin du XVIIIe siècle.
À cette époque, les représentations sont en effet données dans l’enceinte du Jeu de Paume, situé rue du Blanc-Pignon.
Ils consultent en premier lieu Victor Louis, célèbre architecte de cette époque à qui l’on doit le Grand Théâtre de Bordeaux, mais ce dernier fait une proposition trop ambitieuse et surtout trop coûteuse. Les édiles refusent le projet et font alors appel à l’architecte Adrien Gillet. Il est à noter que certains historiens pensent que c’est en réalité à l’architecte arrageois Laurent Joseph Lincque que l’on doit sa construction.
Les travaux du théâtre seront réalisés entre 1784 et 1785, à l’emplacement de l’ancienne prison au 7 place du Théâtre et 26 bis de la rue Ernestale. Sa façade est inscrite aux Monuments historiques par arrêté du 19 novembre 1946. L’ensemble des bâtiments formant le complexe théâtral le sera le 18 octobre 2000.
Inauguration le 30 novembre 1785
Le théâtre d’Arras est inauguré dans la discrétion le 30 novembre 1785 . Bâtiment modeste par ses dimensions mais parfaitement proportionné, il peut accueillir entre 750 et 1000 spectateurs selon les spectacles. La salle de forme elliptique comprend trois niveaux de balcons aux motifs décoratifs peints, soutenus par des potelets métalliques et garnis de loges cloisonnées.
Comme les événements politiques de cette époque limitent ses activités artistiques, ce n’est qu’à la Restauration qu’il prendra toute sa place dans la cité.
Premiers réaménagements
Sa façade se compose d'un corps central saillant et de deux corps de bâtiments identiques. Adossé à la scène du théâtre, de nouveaux travaux vont commencer en 1828 avec la construction d’une salle de concert, et salle de bal aussi.
La création du décor est confiée à Charles-Antoine Cambon qui peint au plafond "La Muse distribuant les lauriers aux artistes".
La salle de concert sera elle ouverte en 1832 sans inauguration officielle. Son accès se fait par les dessous du théâtre ou par la cour arrière. C'est une salle de 350 places avec un parterre, des gradins et une galerie circulaire.
En 1833, des travaux menés par deux célèbres peintres décorateurs parisiens, Humanité René Philastre et Charles-Antoine Cambon, contribuent à son embellissement. En 1888, une nouvelle réfection des décors de la salle est décidée. Cette mission est confiée au peintre lillois, Julien Dilly, qui restaure les plafonds de la salle et du foyer tels qu’on les connait aujourd’hui.
Complexe théâtral regroupant un théâtre à l’italienne, une salle de concerts et trois autres salles de moindre importance baptisées salles des Orphéonistes, de l’Harmonie et de la Philharmonie construites entre 1870 et 1871, son plan est unique en son genre car la salle de théâtre et la salle des concerts se font face et sont chacune agrémentées sur leur flanc d'une salle supplémentaire ("salle de l'Harmonie" pour la salle de concerts et "salle des Orphéonistes" pour le théâtre).
Derniers embellissements
Les travaux de réhabilitation opérés par la ville entre 2004 et 2007 vont redonner à ce théâtre splendeur et éclat, lui apporter plus de fonctionnalité et de confort et redonner vie à la salle des concerts. Ils permettent par ailleurs l’apparition d’une salle baptisée "salle André Reybaz" (acteur et metteur en scène de théâtre qui dirigea le Centre dramatique du Nord de 1960 à 1970), une salle plus intimiste pouvant accueillir environ 80 personnes assises. Ces travaux offrent aussi une meilleure distribution du public en desservant de manière égale les trois salles de représentation.
En 2006, le théâtre d’Arras reçoit le label "scène nationale". Depuis 2013, date de son rapprochement avec l’Hippodrome de Douai, ils forment le TANDEM Scène nationale, une structure qui figure parmi les projets culturels majeurs de la région.