Marie-Cécile-Charlotte de Laurétan est née le 17 août 1747 à Zutkerque. Ses parents, Philippe-François de Laurétan et Marie-Anne-Françoise de Moncheron, sont cousins germains.
Un garçon manqué plutôt qu'une noble demoiselle
Enfant, Marie est initiée par son oncle à la vénerie et, très vite, elle se passionne pour la chasse . Ses parents, qui voient d’un mauvais œil cette passion peu féminine, l’envoient au couvent des Ursulines à Saint-Omer. Mais l’établissement grouille de rats et, bientôt, Marie s’applique à les chasser à l’aide d’un gourdin, se comportant en vrai garçon manqué plutôt qu’en noble demoiselle.
À sa sortie du couvent, elle décide d’ailleurs de se couper les cheveux et troque ses tenues féminines (qu’elle déteste porter) pour des vêtements d’homme (veste de chasse, culottes et bottes) qu’elle juge plus pratiques. La chasse devient alors sa principale occupation .
Baronne de Draëck
Elle a 24 ans lorsque ses parents décident de la marier au baron de Draëck, alors âgé de 45 ans. Celui-ci n’est pas réticent et éprouve même une certaine fierté à épouser une femme peu ordinaire et il accepte de ne pas s’opposer à son goût pour la chasse.
Le mariage a lieu le 6 août 1771 et Marie devient la baronne de Draëck, vêtue d’une robe qu’elle a enfilée sur ses habits de chasse. Mais la vie domestique ne lui convient pas et son époux, qui lui reproche ses excentricités et l’absence d’enfant, retourne vivre dans son château d’Oudezeele. Le couple se sépare à l’amiable.
Une chasseuse hors pair
Marie reprend possession du château de Zutkerque où sa vie est alors entièrement consacrée à la chasse . Ses exploits impressionnent les villageois de la région, qui la supplient de débarrasser les forêts et les campagnes du plus redoutable des carnassiers : le loup. À cette époque, les forêts d’Éperlecques et de Tournehem en sont infestées.
Marie de Draëck se passionne pour cette chasse particulièrement dure. Avec sa meute de près de quarante chiens, elle parcourt chaque jour la campagne, sonnant du cor pour prévenir les villageois à chacune de ses prises. La réputation de celle que l’on surnomme la "Diane de Brédenarde" lui vaut de ne pas être inquiétée lorsque survient la Révolution, même au plus fort de la Terreur. Infatigable, elle chasse le loup dans les forêts du Ternois, du Douaisis et de la Flandre maritime. On estime qu’ elle aurait tué près de 800 loups tout au long de sa vie.
Seule la vieillesse peut mettre un terme à sa passion pour la louveterie. Pour autant, elle ne retourne pas à la vie domestique et, fidèle à son personnage, passe les dix dernières années de sa vie dans son atelier, s’essayant à la menuiserie ou tressant des fils de fer pour fabriquer des volières.
Elle meurt le 19 janvier 1823, à l’âge de 75 ans, laissant derrière elle le souvenir d’une femme hors du commun.