L’histoire de Sainte-Barbe
Sainte-Barbe serait née à Nicodémie, en Asie mineure, et aurait vécu aux 3e et 4e siècles. Belle comme le jour, elle attire les prétendants. Son père Dioscure, un riche gouverneur de province, décide de l’enfermer dans une tour-prison-palais pour la protéger. Lors de son enfermement et en l'absence de son père, elle se convertit au catholicisme et décide de percer une troisième fenêtre à la tour de son donjon afin de symboliser la trinité (le père, le fils et le Saint-Esprit). Après son retour, son père entre alors dans une colère noire et met le feu à la tour, Barbe réussit à s’enfuir mais rattrapée elle est emprisonnée à nouveau. Dioscure la livre ensuite au juge qui, pour lui faire abjurer sa foi, la soumet au martyre. Les tortures nombreuses s’achèvent par sa décapitation le 4 décembre par son père. Ce dernier, le geste accompli, sera frappé par la foudre et réduit en cendres. A partir du 7e siècle, le culte de Sainte-Barbe apparait d’abord en Orient. Il se diffuse ensuite en occident jusqu’au 15e siècle, essentiellement en Allemagne.
A l’origine, en référence au sort qui fut réserver à Dioscure, la dévotion populaire invoquait la Sainte contre la foudre, les incendies et la mort subite. Plus tard, Sainte-Barbe devint la patronne des pompiers, des artilleurs, des mineurs, des artificiers, des métallurgistes et d’autres corporations liées au feu, des architectes, des maçons, et des carillonneurs. Elle est fêtée le 4 décembre et cette tradition demeure très ancrée notamment dans les Hauts de France, où la mémoire industrielle et minière reste présente.
Ses attributs sont : la tour à trois fenêtres, l’épée et le ciboire. Sainte-Barbe est généralement représentée par la couronne de martyre, et accompagnée d’un ange ou d’un chien.
La Sainte-Barbe de Villers-L’Hôpital
Début du 16e siècle, Pierre calcaire polychromée
Classée Monument historique au titre des objets, arrêté du 18 mai 1908
La statue de Sainte Barbe appartient à la commune de Villers-L ’Hôpital depuis la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation de l’église et de l’Etat. Cette statue est caractéristique de la première moitié du 16e siècle. Elle est classée Monument historique au titre des objets par arrêté du 18 mai 1908.
Cette statue en pierre calcaire très tendre a été placée dans une niche extérieure bien avant la deuxième guerre mondiale. Au printemps 2017 , la tête de Sainte-Barbe est arrachée par des voleurs qui parviennent habilement à la passer entre les barreaux de protection. Cette tête est retrouvée après une enquête sur de multiple vols d’objets d’art religieux dans les églises des départements du Nord et du Pas-de-Calais, jusqu’en Belgique. Elle est déposée à la brigade de gendarmerie de Calais en 2018, et retrouvée au fond d’un container, soclée maladroitement par les voleurs afin d’en faciliter la vente.
Cette sculpture féminine est représentative du 16e siècle autant par la coiffe très spécifique que par le déhanchement de Sainte-Barbe. Elle est vêtue d’une robe ornée de broderies en relief et d’un manteau. Les attributs de cette Sainte-Barbe ont disparu (livre et palme) mais une tour sculptée retrouvée à proximité nous permet de l’identifier, la tour étant le troisième attribut généralement représenté pour cette sainte.
La restauration
La restauration est confiée en 2020 à Christine BAZIREAU, conservateur-restaurateur de patrimoine sculpté. La restauratrice réalise en premier lieu un constat d’état permettant de relever toutes les altérations, de réaliser un diagnostic des causes des dégradations, et ainsi de pouvoir reconstituer son histoire matérielle. Lors de ces investigations, de nombreuses traces de polychromie ancienne sont relevées. Cette œuvre en pierre était à l’origine monolithe et entièrement polychromée et dorée . Son poids et ses dimensions ne permettant pas de l’installer en l’état dans la niche extérieure, celle-ci a été découpée, fragmentée, retaillée pour pouvoir s’ajuster aux dimensions plus étroites de la niche.
- Un nettoyage minutieux de toute la surface a été réalisé pour éliminer lichens, encroûtements, mortiers anciens, et dépôts de pollution.
- La statue ne tenait plus debout. C’est pourquoi il a fallu réaliser une « semelle » en résine reconstituant son assise et sa stabilité.
- Sa tête a été refixée par goujonnage. Des manques importants au niveau du cou et de la chevelure ont dû être comblés et reconstitués pour une meilleure lecture de l’ensemble et une harmonisation formelle.
L’œuvre restant fragile après restauration étant donné la pierre très tendre usée et rongée par les intempéries, il était indispensable de l’installer dans l’église , pour une conservation pérenne et une meilleure sécurisation. Un remontage archéologique a été choisi étant donné l’absence de photographies d’archives prises avant son installation dans la niche et avant sa fragmentation volontaire. Ainsi, les manques importants entre la tour et la statue ont été laissés vides. Les indices formels des deux fragments nous ont permis d’évaluer la distance et l’orientation hypothétiques les plus justes. Ce remontage respecte par ailleurs la réversibilité de l’intervention. Le support permettant un soclage sécurisé des deux fragments a été réalisé en acier.