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Le torchis, matériau d'hier et de demain
Le festival « Osez la Terre ! » co-organisé par le Parc Naturel régional des Caps et Marais d’Opale et la Direction des affaires culturelles du Pas-de-Calais en partenariat avec les différents membres du Groupe Torchis-Terre crue se déroule du 1er au 3 juin 2023 à la maison du Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale. A cette occasion, les habitants du territoire, les scolaires et lycéens redécouvrent leur patrimoine.
Ce parcours en 7 étapes vous emmène à la découverte du torchis et de ses spécificités, à travers des exemples de restauration exemplaire. Ces projets témoignent d’un savoir-faire ancestral et des potentialités de la terre crue pour l’architecture de demain.
Maison d’habitation dans sa conception, cette bâtisse d’environ 168 m² est caractéristique de l’architecture en torchis. Figurant au cadastre de 1830 et probablement déjà présente avant cette date, elle a abrité de nombreuses générations de familles. De nombreux artisans y ont aussi pratiqué leurs savoir-faire, c’est le cas notamment d’un forgeron installé à l’extrémité de la maison. Des commerces y ont également pris place, à l’instar d’un commerce de lingerie, de bonneterie ou encore de papiers peints puis par la suite, un salon de coiffure hommes et dames, puis une activité de maraichage sur le terrain attenant, situé sur les bords de la rivière la Planquette. Enfin au milieu des années 1950, la bâtisse change de propriétaire et demeure un bien familial jusqu’à aujourd’hui. Dès lors, elle devient un garage de réparation automobiles et de tracteurs agricoles qui perdure jusque dans les années 1980. Les propriétaires entreprennent une restauration importante de la maison entre 2017 et 2020. Elle vise à transformer cette longère en deux logements locatifs distincts, tout en gardant l’authenticité de l’aspect extérieur.
Lors de la restauration, différentes parties du bâti ont pu être réemployées, c’est le cas notamment des fondations, des soubassements, de l’ossature des murs et du torchis. La charpente est préservée et remise en état au même titre que la couverture. Les menuiseries de la façade avant en bois reprennent les dispositions d’origine.
Lors du chantier de restauration, une journée est consacrée à la promotion du torchis lors d’un chantier participatif ouvert au public le 23 septembre 2017. Il est organisé à l’initiative de l’Association
A Petits Pas
de Ruisseauville et animé par l’artisan Monsieur François LEGRAND. Une cinquantaine de personnes y ont participé dont deux architectes, ainsi que le CAUE et des élus. Cette maison a bénéficié du label attribué par la Fondation du patrimoine.
Un modèle traditionnel de bâti en torchis sur le territoire
A l’instar de cette bâtisse, les maisons en torchis sont de type allongées avec une façade plutôt basse, élevée sur un seul niveau. L’aspect pentue de la toiture présuppose au moment de sa création l’utilisation du chaume. Ce type de matériau est très fréquent lorsque les toitures présentent des pentes supérieures à 45 degrés. Le coyau débordant, prolongement de la couverture, est pourvu d’une gouttière. Diverses ouvertures symétriques et alignées viennent rythmer la façade. Elles sont plus hautes que larges. Les fenêtres ont un modèle quasiment unique, à grands carreaux et divisées en deux versants, surplombées d’une imposte vitrée. Les portes quant à elles sont divisées en quatre petits carreaux en partie supérieure, facilitant l’entrée de la lumière du jour dans la demeure. Le soubassement maçonné en briques sert d’assise à la longère et limite les remontées d’humidité dans le torchis.
Vue de la façade caractéristique des maisons en torchis
Vue de la façade caractéristique des maisons en torchis
Une imposante cheminée axée sur le faitage rappelle l’importance du foyer trônant dans la pièce principale. Il s’agissait de l’un des seuls moyens de chauffage et de cuisine. Il était courant que plusieurs générations d’une même famille partagent ensemble l’habitation. Ses habitants ont aussi pu compter sur un grand four à pain se trouvant dans le prolongement du logis principal. Il était placé à l’extrémité du bâtiment, pour prévenir des risques d’incendies.
L’humidité, le développement des mousses et l’érosion naturelle nécessitent d’appliquer une protection adaptée. Ainsi, le mur en torchis est protégé ici par un enduit recouvert d’un badigeon. Ce badigeon se compose de chaux aérienne calcique et d’eau, complétés de pigments minéraux permettant de protéger et de décorer les enduits. A l’instar de celui utilisé sur cette bâtisse, les badigeons pouvaient être très colorés, il n’était pas rare de retrouver des couleurs vives telles que l’ocre, le rouge ou encore le bleu.