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Le circuit des églises fortifiées de l'Artois
Du Moyen-âge à l’époque moderne (
10e
au
18e
siècle), le département du Pas-de-Calais était en partie représenté par le comté d’Artois qui s’étendait d’Arras et Thérouanne jusqu’aux portes de Montreuil, Calais et Douai. Le département du Pas-de-Calais était alors partagé entre plusieurs puissances européennes : la France, l’Angleterre (Calais) et l’Espagne. Entre le
14e
et le
16e
siècle, la position frontalière du comté d’Artois en fait le terrain privilégié des luttes féodales entre ces puissances pour étendre leur domination territoriale.
Pour se protéger des attaques et des pillages incessants, la population cherche refuge dans le seul bâtiment solide du village : l’église.
En effet, à l’époque, les maisons construites en bois et en torchis étaient facilement détruites. Aux
16e
et
17e
siècles, on assiste à une importante phase de construction ou de reconstruction des édifices religieux, pour y intégrer des éléments militaires défensifs. Les églises fortifiées rythment les paysages d’Artois et rappellent le passé mouvementé de cette région. Ce parcours vous propose de partir à la découverte de ces édifices hors du commun.
La première église de Camblain-l’Abbé, construite en bois, daterait du
12e
siècle. Selon l’épigraphie de Roger Rodière, la tour fortifiée a été érigée en 1404 par des maçons anglais, très nombreux en Artois à cette époque grâce à l’union entre Angleterre et les états bourguignons. Le chœur et la nef sont reconstruits au
19e
siècle lorsque la charpente originelle de l’église est démontée par l’architecte Mayeur. L’église est alors reconstruite et agrandie dans un style gothique flamboyant.
Même si elle a été remaniée, la tour de l’église Saint-Pierre est d’origine (
15e
siècle). On peut apercevoir des signes de fortifications laissant supposer que la tour servait de point de guet. Le clocher est surmonté par une balustrade à créneaux, protégeant le chemin de ronde.
Les guetteurs pouvaient se placer et se protéger au niveau des tourelles de guet, ou échauguettes, disposées aux angles du chemin de ronde. Les guetteurs étaient logés dans une salle de repos, à l’étage de la tour. Une cheminée permettait de réchauffer la pièce. Les meurtrières taillées dans la tour permettaient de surveiller à l’abri.
La légende raconte que le célèbre corsaire Jean Bart a couché dans la salle de guet alors qu’il se rendait à Versailles. C’est pourquoi la salle est nommée « Jean Bart » aujourd’hui.
A l’étage du clocher, on peut admirer des dessins gravés sur les murs, peut-être par les guetteurs. On y voit des hommes armés, une représentation de la tour de l’église mais aussi une potence avec des pendus.
Quelques dates clefs
12e
siècle : construction de la première église en bois
1404 : construction de la tour fortifiée
19e
siècle : destruction de l’église en bois et reconstruction en style gothique
2003 : restauration de la flèche en pierre de l’église ainsi que des verrières de la nef et du chœur. L’opération a été financée par le Conseil départemental et la Fondation du patrimoine.
Plan cadastral napoléonien de 1829, l'église est figurée en bleu.
Plan cadastral napoléonien de 1829, l'église est figurée en bleu.
L’église de Camblain-l’Abbé est étroitement liée à la ferme voisine, ancien prieuré de l’abbaye du Mont Saint-Eloi qui a brûlé en 1720. Le terrain de l’église appartenait à l’abbaye avant sa destruction, comme on peut le voir sur les anciens plans cadastraux. Le porche de la ferme portait les armes du Mont Saint-Eloi.
Plan cadastral napoléonien de 1829, l'église est figurée en bleu.