En 2013, des archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives et du Département du Pas-de-Calais réalisent une fouille archéologique à proximité immédiate du collège Belrem à Beaurainville.
Cette opération fait suite à la découverte, lors d’un diagnostic préalable, d’une cheville osseuse d’aurochs.
Entre armatures de silex et fragments de noisettes, traces de foyer et d’un cours d’eau, les archéologues ont mis au jour les traces d’un campement au Mésolithique.
Fouille d’un foyer mésolithique
Qu’est-ce que le Mésolithique ?
Le Mésolithique marque, en Europe, l’adaptation des chasseurs-cueilleurs aux modifications climatiques et environnementales, liées au passage du dernier âge glaciaire à notre climat tempéré actuel. Pour le Nord de la France, cette période s’étale de 9 000 à 5 000 ans avant J.-C. et voit le paysage évoluer et se transformer, par le retour de la forêt.
Les silex taillés
Dans le Pas-de-Calais, les traces de cette période sont assez rares. Chaque découverte est donc importante. Les archéologues mettent principalement au jour des outils de silex taillé, des ossements d’animaux et des outils en os (harpons) ou en bois de cervidé.
Lors du diagnostic de Beaurainville, des lamelles de silex de quelques centimètres ont été découvertes.
Pour se nourrir, il faut produire des efforts
Le climat plus clément permet de diversifier la nourriture selon une saisonnalité.
Les vastes troupeaux des steppes laissent la place à des animaux vivant en plus petits groupes se déplaçant sur un territoire plus restreint (sanglier, aurochs, chevreuil, cerf). Pour les chasser, l’homme utilise l’arc, adapté à ce type d’animaux.
Les archéologues tamisent la terre pour retrouver des graines carbonisées, des charbons de bois, de petits mollusques ou des esquilles d’os. À Beaurainville, des noisettes ont été identifiées. La cueillette pendant l’automne permet d’avoir des réserves pour l’hiver.
La pêche se développe également. Les installations en bordure de point d’eau sont nombreuses. Des pirogues sont utilisées pour naviguer. Des systèmes de pièges avec des nasses sont mis en place pour capturer du poisson. Des harpons servent pour la pêche aux gros poissons (truites, saumons, etc.).
Les techniques de pêche variées permettent de diversifier les repas (Dessin : P.-Y. Videlier).
Nouveaux comportements territoriaux, culturels et cultuels
Le mode de vie en milieu forestier modifie probablement les comportements sociaux, entraînant la constitution de communautés parfois réduites à une ou deux familles. La perception du territoire évolue également, l’Homme trouvant ses ressources sur des espaces plus réduits. Des campements de longue durée, avec une pratique semi-nomade, voire sédentaire étaient probables.
Les pratiques funéraires ne sont pas uniformes. Les sépultures peuvent être simples, multiples (dépôt de plusieurs corps à une même date) ou collectives (dépôts de plusieurs corps à différentes dates), avec ou sans offrandes, etc. Ces offrandes sont variées (objets naturels ou fabriqués, animaux, ocre, etc.). Des tombes à incinérations ont également été découvertes et la pratique de l’anthropophagie est aussi avérée.
Le site de Beaurainville
Les archéologues ont découvert les traces des passages de chasseurs du milieu du Mésolithique (entre 7 000 et 6 000 avant J.-C .). Ces hommes ont taillé sur place des silex pour fabriquer des pointes de flèches caractéristiques d’un groupe mésolithique dont le territoire s’étend de la Seine à l’estuaire du Rhin et de la Meuse.
Les données archéologiques permettent de proposer des hypothèses de reconstitutions du paysage d’une époque donnée. Dans notre région, l’environnement mésolithique est dominé par les forêts et en fond de vallée par les marécages (Dessin : P.-Y. Videlier).