Il y a cinq ans, le 4 décembre 2012, a lieu l’inauguration du nouveau musée du Louvre-Lens. Événement marquant, il symbolise la volonté partagée du gouvernement, des élus locaux et des personnels scientifiques du ministère de la Culture de "décentraliser" les collections du Louvre, pour montrer au plus grand nombre certaines de ses œuvres emblématiques, tout comme les éléments méconnus du patrimoine dormant dans ses réserves.
Don du livre-d'or de l'inauguration
La date de l’inauguration ne laisse rien au hasard : la Sainte-Barbe, patronne (entre autres) des pompiers, des architectes, des géologues, des artificiers, des métallurgistes et surtout des mineurs ; une patronne de circonstance pour un musée construit sur l’ancienne fosse n° 9 de la Compagnie des mines de Lens.
Bruno Vouters, alors rédacteur en chef adjoint en charge du pilotage de La Voix du Nord, est présent à l’inauguration. Cinq ans plus tard, il a fait don aux Archives départementales du Pas-de-Calais d’un ensemble de feuillets remplis à cette occasion par diverses personnalités conviées à l’événement. Cet ensemble de 14 pages est aujourd’hui conservé sous la cote 1 J 2531.
Signatures de personnalités politiques
Y figurent en premier lieu les hommes politiques acteurs de la création de cet établissement public de coopération culturelle, impliqués dès le commencement du projet : Daniel Percheron, président du Conseil régional Nord – Pas-de-Calais, et Guy Delcourt, député-maire de Lens. Attachés à leur territoire et conscients de l’importance que pourrait revêtir une installation à Lens, ils ont milité dès 2003 pour que la ville soit retenue pour l’implantation du musée, chose faite en octobre 2004.
À leurs côtés, on trouve la signature d’autres hommes politiques, en premier lieu du Président de la République François Hollande, qui y côtoie des anciens mineurs, des "gueules noires" ; Pierre Mauroy, ancien Premier ministre, sénateur du Nord et maire de Lille ; Jack Lang, ancien ministre de l’Éducation nationale et de la Culture, et ancien député du Pas-de-Calais ; Ivan Renar, ancien vice-président de la commission des affaires culturelles du Conseil régional Nord – Pas-de-Calais et président de l’Orchestre national de Lille ; Dominique Dupilet, président du Conseil général du Pas-de-Calais ; Patrick Kanner, président du Conseil général du Nord ; Jean-François Caron enfin, maire de Loos-en-Gohelle et président de "Bassin minier UNESCO", lequel a obtenu six mois auparavant l’inscription du bassin minier au patrimoine mondial de l’Humanité.
Si la décision d’installer ce musée à Lens a été prise dès 2004, il a fallu ensuite construire le bâtiment et ses alentours. Le Conseil régional a sélectionné un an plus tard le cabinet SANAA des architectes Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa pour bâtir l’édifice, dont la première pierre a été posée le 4 décembre 2009 ; il a également fait appel à l’architecte-paysagiste Catherine Mosbach pour les extérieurs du musée. Ces trois noms se retrouvent parmi les signataires de ces feuillets.
Le musée du Louvre, partenaire culturel et scientifique du nouveau musée, est naturellement représenté par son président-directeur Henri Loyrette, qui a accompagné et soutenu Daniel Percheron et Guy Delcourt dans leurs demandes adressées au ministère de la Culture. S’y ajoutent Geneviève Bresc-Bautier, directrice du Département des sculptures au musée du Louvre et commissaire générale de la première exposition temporaire au Louvre-Lens (Renaissance : révolution dans les arts en Europe, 1400-1530), ainsi que Pierre-Yves Le Pogam, conservateur chargé de la collection médiévale française au Louvre. Le Louvre-Lens apparaît quant à lui par l’intermédiaire de son directeur, Xavier Dectot.
Personnalités de la société civile
Quelques personnalités de la société civile ont également laissé leur marque, comme Gervais Martel, président du Racing Club de Lens, Jean-Claude Casadesus, fondateur de l’orchestre national de Lille, Jean-Louis Fournier, écrivain originaire du Pas-de-Calais, invité lors de l’émission de Pascale Clark tenue ce jour en direct sur France Inter depuis la Maison du Projet, ou encore Olga Kisseleva, artiste et professeure d’art contemporain à l’université de Paris I, et Dylan Werwinski, élève de Première littéraire.
Enfin, on trouve sur ces feuillets quelques mots d’Helena et Sophie. Veuves de mineurs, affectueusement surnommées les "mamies du Louvre" par la presse régionale, elles avaient interpellé le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres lors de son passage à Lens, peu avant la sélection de la ville, pour lui signifier toute l’importance que revêtait ce projet à leurs yeux.
La lecture de ces messages est en effet révélatrice des espoirs qui ont reposé sur la création de ce musée dans une zone au contexte économique et social difficile ; il doit donner une visibilité nouvelle à la ville de Lens en permettant d’y fonder un dialogue entre les patrimoines du musée parisien et du bassin minier, tout en développant des projets scientifiques et culturels pédagogiques. Un "rêve", un "miracle", un "espoir", mots récurrents chez les signataires de ces feuillets, dont Daniel Percheron espérait qu’il puisse marquer "la fin de l’hiver".
Les Archives départementales remercient vivement M. Bruno Vouters pour ce don précieux et son souhait de faire partager ce document unique.