Un peu d’histoire…
L’ancienne église du village de Lumbres était située à l’une des extrémités du village. Cet édifice fut détruit à la fin du 19ième siècle pour cause de vétusté. D’époque principalement gothique flamboyant, elle comportait cependant une élégante tour dont la base était datée du 12ième siècle. Avec l’accroissement de la population, l’abbé Gérard (1816-1895), vice-doyen et curé de la paroisse, décide de construire une nouvelle église. L’architecte arrageois Alexandre Grigny, réputé pour la réalisation d’édifices de style néo-gothique, se voit confier la construction de l’église Saint-Sulpice de Lumbres de 1854 à 1863. La première pierre de l’édifice est bénie le 28 mai 1854 par Monseigneur Parisis, l’évêque du diocèse d’Arras. L’église est ensuite une nouvelle fois bénie lors de son ouverture au culte en 1859, puis en 1863 à l’occasion de sa consécration. En 1905, l’église n’est pas affectée par la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat car elle appartient à des notables du village. C’est pour cette raison qu’elle est ensuite devenue propriété du diocèse d’Arras.
Cette église de style néo-gothique est construite en pierre calcaire locale, issue de l’ancienne carrière de « La Montagne ». Elle reprend le plan d’une église « hallekerke » (église-halle flamande), avec notamment sa nef à trois vaisseaux. La nef principale est dépourvue d’ouvertures et de triforium. La tour quadrilatère d’une hauteur de 22 mètres porte à ses quatre angles quatre pinacles très élevés, qui lui donnent une grande légèreté. Le tout est surmonté d’une flèche octogonale à crochets de 18 mètres de haut. L’édifice possède également dix vitraux installés dans la nef et créés par le Père Chelewska de l’abbaye de Wisques.
La restauration
L’église du 19ième siècle, très élancée, pose finalement rapidement des problèmes de stabilité, probablement dus à sa conception. Ce désordre s’accentue à partir de 1995. Le clocher se tasse sous son propre poids et les piles intérieures dont les pierres sont posées en délit se fissurent. En 1998, un frettage des piles est mis en œuvre sur conseil technique du Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine du Pas-de-Calais (L’Architecte des Bâtiments de France), ce qui constitue une solution temporaire. Par ailleurs la pierre utilisée pour la construction, trop tendre, accentue les nombreux désordres tels que les chutes de fragments de pierre ou la fissuration des voûtes. La couverture, également en mauvais état, engendre de nombreuses infiltrations d’eau.
Malgré des expertises et des travaux de consolidation provisoires de 1996 à 2001, le projet d’une restauration globale n’évolue pas et la piste de la démolition de l’édifice est envisagée par son propriétaire. En 2007, le projet de construction d’une nouvelle église est même présenté aux habitants de Lumbres. Une période d’incertitude s’installe mais de nombreux échanges médiatiques apportent une certaine notoriété à cette église. Ainsi, grâce à la persévérance et l’implication de l’Association de sauvegarde du patrimoine de l’église de Lumbres, présidée par M. Daniel Prudhomme, un projet de restauration voit le jour. Le diocèse d’Arras délègue alors à l’association la maîtrise d’ouvrage des travaux qui s’engagent de 2010 à 2012. L’architecte Valérie Foret-Hamiaux est chargée de la conception du projet qui est finalement optimisé et mis en œuvre par Angélique Thomas, architecte. Les interventions se divisent en plusieurs phases.
La première concerne les modifications du chœur avec la suppression de l’ancienne salle paroissiale, la démolition du déambulatoire, la suppression de deux chapelles latérales et la restitution des maçonneries du chevet. Puis, les phases suivantes se concentrent sur la stabilité de la tour et la restauration de la flèche puis le clos et le couvert de la nef.
L’ensemble de ces travaux sont réalisés grâce à la forte et exceptionnelle mobilisation des Lumbrois, à une campagne de souscription lancée par la Fondation du patrimoine et à de nombreuses subventions. Un chantier école réalisé par l’Association Promotion et Reconnaissance par le Travail (A.P.R.T) accompagnera le chantier professionnel mais uniquement sur les parties basses de l’église.
Le prix Pèlerin « Un patrimoine pour demain », reçu en 2011, contribue également au financement du chantier. Ce concours, mis en place par le magazine Le Pèlerin et soutenu par de nombreux acteurs patrimoniaux tels que la Fondation du patrimoine ou La sauvegarde de l’art français, existe depuis 1990 et récompense de grands projets de restauration et de création patrimoniale.